L’histoire et l’évolution du pastel au 18e et 19e siècles apporte une palette importante de connaissances.

Connaissance des grands auteurs et personnages, des différentes techniques et matériaux déjà utilisés auparavant, des changements survenus dans le temps.

En l’occurrence, en termes de pastel, on peut apprendre tellement de ce magnifique art. Jusqu’à la fin du 17e siècle, le pastel fut un simple moyen d’ajouter un peu de couleur dans les dessins.

Et il y a depuis longtemps eu une hiérarchie entre la peinture et le pastel. Dans quelle mesure, le pastel s’est-il progressivement affirmé comme une discipline à part entière ?

Et comment a-t-il réussi à conquérir sa légitimité ?

Evolution du pastel aux 18e et19e siècle : 

une histoire passionnante

 

Dans les premiers temps, 15e et 16e siècle, on utilisait les craies de couleur avec une palette extrêmement réduite pour agrémenter les dessins. Parmi les artistes du 16e siècle : Jacopo Bassano, Federico Barocci, Jean Clouet, Etienne Dumonstier.

 

Ceux du 17e siècle : Nicolas Dumonstier fut le 1er artiste peintre en pastel de l’Académie française Royale de Peinture et de Sculpture (en 1665).

 

 En ces temps, la technique du pastel va être, plus rattachée à la peinture qu’au dessin. L’Académie française ne fait pas vraiment de différence entre la peinture à l’huile et au pastel. Ce sont juste différentes manières de faire de la peinture et les peintres en pastel sont encore relativement rares.

 

 Grâce à Joseph Vivien, un peintre important de la fin du 17e siècle, le pastel s’installe dans le paysage artistique. On doutait si ses œuvres étaient peintes à la peinture ou au pastel. Il faisait des portraits peints en pieds grandeur nature, de grands portraits (portrait d’apparat).

Pastel, Rosalba Carriera

Une femme à l’origine du succès du pastel. 

En 1720 dans la régence, il y eut le succès foudroyant de l’Italienne Rosalba Carriera. Ayant commencé miniaturiste, elle troque l’art de la miniature à l’art du pastel.

Elle entame une carrière de peintre en pastel, voyage énormément et emporte ses pastels pour se faire connaître. Elle arrive sur les scènes parisiennes et crée avec une extrêmement spontanéité. Son succès lui vaut l’honneur d’être admise à l’académie royale.

Elle va connaître un succès international et grâce à elle, le pastel s’exporte de Paris dans tous les pays d’Europe. La spécificité du pastel se voit à travers ses œuvres, la propriété légère et vaporeuse du matériau pastel. Il est commode d’emploi, peu salissant, les bâtonnets s’emportent facilement et il n’y a pas de temps de séchage.

Les femmes en particulier vont s’enthousiasmer pour elle. Cette artiste révèle la spécificité même du matériel avec un rendu velouté et très enlevé dans ses pastels.

Parmi les points soulevés par les académiciens qui font du pastel : un « petit art » est que, le pastel est un art qui attire beaucoup les femmes, ce qui lui a valu la réputation de facilité et d’amateurisme.

L’art du pastel ne parvient pas à obtenir toute sa légitimité, parce qu’il est situé entre peinture et dessin, lié au portrait (genre qui n’a pas tout le prestige dans l’histoire), pratiqué par les femmes et les multitudes d’amateurs…

Parmi les femmes peintres en pastel : Adélaide lab guiard, Isabelle vigée le brun, Suzanne Giroud…

Evolution du pastel au 18e siècle

Pastel, Charles Antoine Coypel

Le succès de Rosalba donne des idées à d’autres artistes.

Notamment, son ami Charles Antoine Coypel qui obtient le prix à l’académie en 1711. Il est devenu peintre d’histoire en 1715. Avec ses portraits très originaux, il fut malgré cela l’un des rares à ne pas se cantonner au portrait.

Maurice Quentin De La Tour fut un des principaux pastellistes du 18e siècle. Il réalise le portrait de Gabriel de Rieux (2 m) avec une extraordinaire maîtrise, le luxe du détail et une grande précision. Il se fait remarquer avec ses grandes œuvres.

Il ne se borne pas aux traits du visage, il peint les caractères avec une représentation du cadre de vie dans ses pastels. Son succès fut rapide dans la moitié du 18e siècle.

évolution du pastel

Pastel, Maurice Quentin De La Tour

Le pastel devient alors, un peu grâce à lui, un art parfaitement reconnu.

Et c’est seulement en 1830 qu’on a le terme « pastelliste ».

À la moitié du 18e siècle, avec la percée de La tour on observe une multiplication des peintres en pastel, des écoles gratuites et publiques, écoles élémentaires qui forment au pastel.

Le succès du pastel suscite une certaine irritation parmi les artistes et notamment chez certains académiciens, car il fait de l’ombre à la grande peinture de l’histoire qu’ils essaient de raviver.

Quand on est pastelliste, on fait à la fois le dessin et la couleur. Deux théories que les académiciens veulent distinctes. Par ailleurs, ils dénoncent la prétendue facilité d’une technique qui concurrence la peinture à l’huile. On a ainsi demandé aux élèves qui souhaitent intégrer l’académie royale d’apporter leur peinture à l’huile avant leur intégration en ces années.

Ensuite, il y eut beaucoup d’autres artistes.

  • Jean baptiste Perronneau ;
  • Jean-Etienne Guettard qui présente dans ses œuvres une qualité magnifique de la lumière, un art de précision avec des poses naturelles ;
  • Charles Laurent Maréchal de Messe, qui grâce à des pastels de très grands formats avec des scènes ambitieuses réussit à se faire connaître.
  • Il va être suivi de son élève Eugène Tourneu avec une même prétention à concurrencer la peinture. De par les sujets et les formats assez imposants. Une nouvelle catégorie se forme : le pastel tableau.

 

Edgard Degas, lui, fut un éternel insatisfait. Le pastel lui permet de serrer la réalité. Il présente la figure humaine ainsi que la représentation de la vie humaine. Il va exposer des sujets qui sont complètement nouveaux avec l’éclat incomparable des pastels. (1877)

En 1880, l’Italien Giuseppe De Nittis lance la mode du pastel avec des pastels en grand format (1m96*4m) ; une série de 18 pastels les courses avec la variété des situations et son point de vue très original, presque un autre art, des portraits dans le milieu même de la vie quotidienne. Parmi ses œuvres, les courses à Auteuil. 

Eugène Boudin que certains vont qualifier de Roi des Ciels. Selon un critique, dans l’art du pastel, le crayon va vite, un dessin qui sera fait en 6 mois dans la peinture à l’huile sera fait en quelques jours au pastel.

Une des qualités essentielles du pastel, c’est de saisir la nature, de capter à la volée les aspects d’un paysage.

Camille Flers en était le plus ardent défenseur.

Parmi les pastellistes du 18e siècle, Jules Dupré, Ernest Duez, Pierre Prins, Emile Lévy (avec ses œuvres à couper le souffle) et bien d’autres encore. Alors, le pastel va s’imposer avec l’essor du paysage au pastel.

Evolution du pastel au 19e siècle :
une avancée difficile

James Tissot se lance en 1982 en représentant un monumental portrait de la princesse de Breuil, portrait d’apparat subtilement modernisé avec un certain naturel dans la pose. Très grand format.

En 1985 fut créée la Société de Pastellistes par Théodore Ballut et Georges Petit, un important galeriste de l’époque composé de gens qui ont envie de promouvoir l’art du pastel.

  • Paul cesar Helleu,
  • Proust
  • La fameuse Duchesse de Guermont ;
  • Jacques Emile blanche très influencé par James mcNeill whistler ;
  • Albert Besnard ;
  • Pierre Carrier Belleuse avec son témoignage : « Il y a plus de plaisir à tenir dans ses doigts une craie qu’un pinceau » ;
  • Edmond Aman-Jean ;
  • Odilon Redon autant de grands artistes avec leurs propres singularités.

 

Vous trouverez dans chacunes de leurs œuvres un apprentissage certain concernant les styles dans l’art du pastel.

 

Pastel, James mcNeill

Selon un texte de Claude Roger Marx :

« cet art monte dans le ciel comme une prière… et nous assistons à des miracles… de telles œuvres nous débarrassent de nos chaines et multiplient nos pouvoirs ». Vint alors le moment où cet art, l’art du pastel n’a plus rien à envier à la peinture.

Texte issu d’une conférence de Philippe Saunier, réalisée pour la Fondation de L’Hermitage :

le pastel au 18 et 19e siècles : l’aventure d’un art